Dr Pascal Goncalves : le régime 3V, pour une alimentation saine et durable

Par Marie-Céline Ray - Journaliste scientifique Publié le 18/08/2022 Mis à jour le 18/08/2022
Point de vue

Pascal Goncalves, médecin généraliste et conférencier en prévention santé, a créé une méthode pour guider les consommateurs dans leurs choix nutritionnels.

Lorsqu’il a commencé à exercer la médecine, le Dr Pascal Goncalves a voulu aider ses patients à modifier leur comportement en leur donnant des conseils sur leurs ordonnances : « Marcher 30 minutes par jour », « Penser à limiter la viande rouge », etc. En 2018, il a créé une formation pour rendre accessible à tous une éducation à l’alimentation : la méthode BETO (betosante.fr).

Nous lui avons demandé comment choisir ses aliments pour rester en bonne santé.

LaNutrition.fr : Qu'est-ce que la méthode BETO ?

Pascal Goncalves : Nous savons que la probabilité de manger plus sainement augmente avec une meilleure connaissance de l’alimentation. L’éducation alimentaire est un enjeu fondamental avec des répercussions multiples, sur la santé bien sûr mais également sur la planète et notre agriculture. Mon objectif est d’améliorer les connaissances en alimentation de toute la population, avec une méthode accessible à tous. Car notre ignorance en matière d’alimentation peut nous rendre vulnérables à la pression du marketing des industries agro-alimentaires. La méthode BETO est une formation 100 % digitale qui propose une éducation à l’alimentation fiable, indépendante et accessible à tous.

Que reprochez-vous aux régimes amaigrissants ?

Le manque d’honnêteté ! Je suis lassé de voir certaines personnes dépenser des sommes importantes en espérant un régime miracle et culpabiliser ensuite car elles n’y arrivent pas. Bercées d’illusions, elles perdent leur temps et leur argent. Ces personnes doivent comprendre que les régimes restrictifs ne fonctionnent jamais sur le long terme. Ce n’est pas à cause d’un manque de volonté, mais tout simplement parce que votre corps ne se laisse pas faire. Vous perdrez du poids au début, mais pas sur le long terme, et plus vous ferez des régimes, plus vous reprendrez du poids (effet yoyo). 80 % des personnes qui font un régime reprennent du poids au bout d'un an.

Dans votre formation, vous conseillez l'alimentation méditerranéenne et le régime 3V. Pourquoi ?

Il existe un modèle alimentaire reconnu scientifiquement depuis des années : le régime méditerranéen. Il a été très étudié et c'est celui qui présente le plus de bénéfices pour la santé. En adoptant cette alimentation, vous diminuez :

  • votre risque d'infarctus du myocarde, d´AVC, d'hypertension artérielle, de diabète de type 2 ;
  • votre risque de cancer, notamment de cancer du côlon et de cancer du sein ;
  • votre risque de maladie d'Alzheimer.

Le régime méditerranéen consiste à privilégier la consommation de céréales, fruits, légumes, légumineuses, fruits à coque, et à consommer en quantité modérée du poisson, de la volaille, des yaourts et du fromage. Il limite la consommation de viande rouge et la principale source de graisse utilisée est l'huile d'olive.

Manger méditerranéen signifie manger très diversifié et des aliments de saison. Mais le régime méditerranéen traditionnel date d'une époque où il n'y avait pas autant d'aliments ultra-transformés. C’est pourquoi je préfère aujourd’hui conseiller le régime 3V pour : Vrai, Végétal et Varié. Le régime 3V reprend les grands principes du régime méditerranéen - consommer plus de produits végétaux et varier son alimentation - tout en tenant compte de la dimension d’ultra-transformation (manger vrai). C’est aujourd’hui le meilleur modèle alimentaire pour une alimentation saine pour la santé humaine et durable pour la planète.

Comment choisir ses aliments au supermarché ? Grâce au Nutri-Score ?

Les 3V sont indissociables mais pour choisir ses aliments je voudrais insister sur un V : le Vrai, qui signifie qu’il faut éviter les aliments ultra-transformés. Au supermarché, je vous conseille de commencer par regarder si l’aliment que vous envisagez d’acheter a une étiquette. Tous les produits bruts, une tomate, une carotte, une pomme, n’ont pas d’étiquette. En présence d'une étiquette, vous êtes devant un produit transformé et potentiellement ultra-transformé. Il existe deux types d'aliments ultra-transformés, facilement identifiables :

  • les plats préparés, consommables sans aucune préparation, qui sont souvent ultra-transformés ;
  • tous les aliments light, allégés, 0 %, qui sont nécessairement des aliments ultra-transformés. Avez-vous déjà vu dans la nature un arbre light ou une vache allégée ?

Pour reconnaître un aliment ultra-transformé, vous devez lire la liste d'ingrédients. Plus elle est longue et difficile à comprendre, plus vous risquez d'avoir un aliment ultra-transformé. Ce n'est pas pour rien qu'elle est écrite en tout petit et qu'il faut retourner dix fois le paquet pour la consulter !

Concernant le Nutri-Score, je ne recommande pas son utilisation pour choisir ses aliments, car il ne tient compte que de la composition nutritionnelle, et non du degré de transformation du produit. Malheureusement, il peut valoriser des produits mauvais pour la santé, comme des céréales du petit-déjeuner pour enfants classées B ou des sodas lights classés B. Inversement, il peut dévaloriser des produits artisanaux qui ont leur place dans un régime 3V comme un Camembert artisanal noté D, ou une huile d'olive notée C. La priorité dans vos choix alimentaires doit être la transformation des aliments. Nous mangeons avant tout des aliments et pas des nutriments. Un aliment ultra-transformé avec un Nutri-Score A reste un aliment ultra-transformé qui ne sera jamais bon pour votre santé.

Lire : "Chocapic" : un aliment ultra-transformé recommandé par le Nutri-Score

Et vous que mangez-vous ?

J’essaye autant que possible de manger 3V, avec comme priorité d’éviter les aliments ultra- transformés. Ce n’est pas simple tous les jours mais avec de l’organisation j’y arrive, ma femme et mes enfants aussi. Pour réussir à manger sainement, il faut commencer par se détendre avec l’alimentation et ne pas être obsédé par l’assiette parfaite. L’équilibre alimentaire ne se fait pas sur un repas, mais sur la journée, voire plusieurs jours. Ma femme et moi cuisinons en plus grande quantité que nécessaire pour en profiter sur un repas suivant. Je termine toujours mes repas par un fruit différent, et je consomme des fruits à coque tous les jours. Enfin je suis vigilant à ma consommation de légumineuses, au moins deux fois par semaine. Il n’y a pas de menu parfait pour manger sainement, chacun doit trouver sa manière de manger mieux en s’adaptant à son quotidien. En comprenant ce que vous mangez vous pouvez créer vous-même votre alimentation saine et durable.

Lire aussi l'interview de Pamela Ebner : "Manger de vrais aliments ne revient pas plus cher que des aliments ultra-transformés"

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