Comment faire baisser naturellement le taux de CRP

Par Juliette Pouyat - Journaliste scientifique Publié le 31/12/2013 Mis à jour le 25/04/2022
Actualité

La protéine C-réactive ou CRP est un marqueur de l'inflammation. Il est souvent possible de la faire baisser par de simples changements de mode de vie.

L'inflammation chronique est un facteur de risque de nombreuses maladies. Elle peut être évaluée biologiquement par plusieurs marqueurs, et notamment le dosage de la protéine C-réactive. Il est possible de réduire le niveau de CRP, et donc l'inflammation grâce à plusieurs mesures, dont une alimentation adaptée, dite anti-inflammatoire, qui repose notamment sur une consommation élevée d'antioxydants.

Le taux de CRP sanguin, un marqueur inflammatoire

Que veut dire l'acronyme CRP dans une prise de sang ?

CRP est l'acronyme de C-reactive protein en anglais (protéine C-réactive).

Qu'est ce que la protéine C-réactive (CRP) ?

La protéine C-réactive est une protéine synthétisée par le foie, en réponse à une inflammation. C'est un marqueur sensible, précoce et spécifique de la réaction inflammatoire. Qu'est-ce qui augmente la CRP ?

L'augmentation de la CRP est le signe d'une inflammation qui peut être aigüe ou chronique. Plus l'inflammation est importante, plus le taux de CRP est élevé. Si l'inflammation aigüe est bénéfique à notre organisme pour lutter contre une infection par exemple, elle devient problématique lorsqu'elle "s'installe" dans notre organisme et devient chronique.

Quand dose-t-on la CRP ?

Les laboratoires dosent la CRP standard et la CRP-ultrasensible (CRP-us), qui est un test plus sensible. La CRP-us est un marqueur du risque cardiovasculaire. En effet, un taux élevé de CRP-us est associé à un risque accru de crise cardiaque. 

Votre médecin vous prescrira un test de CRP pour :

  • rechercher une inflammation due à une infection;
  • diagnostiquer une maladie inflammatoire aigüe (diverticulite) ou chronique, comme la polyarthrite rhumatoïde; 
  • déterminer votre risque de maladie cardiaque

Lire : Comment échapper à l'infarctus et à l'AVC par le Dr Michel de Lorgeril

Comment faire un dosage de CRP ?

Pour déterminer le taux de CRP, il faut réaliser une prise de sang à jeun.

Quelle est la valeur normale de CRP lors d'une prise de sang ?

La CRP est mesurée en milligrammes par litre (mg/L).

Le taux normal de CRP doit se situer en dessous de 6 mg/L. Une CRP élevée est le signe d'une inflammation, quelle qu'en soit la cause.

Une CRP-us supérieure à 2,0 mg/L signe généralement un risque plus élevé de maladie cardiaque. Les niveaux de CRP d'une personne varient avec le temps. Une évaluation du risque de maladie coronarienne doit être basée sur la moyenne de deux tests, idéalement effectués à deux semaines d'intervalle. Des valeurs systématiquement supérieures à 2,0 mg/L peuvent refléter un risque accru de crise cardiaque.

L'inflammation chronique, pourquoi la diminuer ?

L'inflammation chronique (que l'on qualifie également d'inflammation à bas bruit) se caractérise par une réponse immunitaire chronique avec la circulation constante de molécules pro-inflammatoires et inflammatoires dans l’organisme, à des niveaux pas nécessairement élevés. L'inflammation chronique correspond en fait à une activation permanente du système immunitaire. C'est essentiellement notre mode de vie (alimentation, sédentarité, stress, tabagisme…) et notre environnement (présence de polluants) qui sont à l'origine de cette inflammation chronique. Or, on sait maintenant qu'elle est présente dans presque tous les problèmes de santé : arthrose, spondylarthrite ankylosante, allergie, maladies cardiovasculaires, cancer, maladie d'Alzheimer...en fait, la présence de cette inflammation à bas bruit sur le long terme nous rend plus vulnérables aux maladies, d'où l'importance d'essayer de la réduire.

Comment faire baisser l'inflammation dans le corps ?

Faire baisser l'inflammation chronique dans l'organisme est essentiel pour réduire le risque de développer certaines maladies (cancer, maladies cardiovasculaires...). Le dosage de la CRP permet de suivre l'évolution de l'inflammation, mais il existe également d'autres marqueurs inflammatoires.

Perdre du poids

L'inflammation étant liée au surpoids et l'obésité, le meilleur moyen de faire baisser le niveau de CRP constitue à maigrir si on a des kilos en trop. Ces conclusions ont été confirmées dans une étude récente qui a montré que parmi les personnes ayant une CPR jugée élevée (plus de 10 mg/L), 25% avaient un poids normal, 51 % étaient en surpoids, 75% étaient obèses.

Mettre l'accent sur les antioxydants pour diminuer inflammation et risque cardiovasculaire

Un régime plus riche en antioxydants (alimentation et compléments alimentaires) joue un rôle important dans la baisse de la CRP, et donc dans la diminution de l'inflammation. C'est ce que rapporte des chercheurs de l’université du Connecticut qui publient leurs résultats dans European Journal of Nutrition. L'inflammation favoriserait notamment la formation de plaques d'athérome dans les vaisseaux sanguins. En réduisant l'inflammation, une alimentation riche en antioxydants préviendrait les maladies cardiovasculaires. 

Lire : Comment les radicaux libres nous font vieillir

Cette petite étude sur des femmes ménopausées en surpoids ou obèses (IMC entre 25 et 40), âgées de 40 à 70 ans, en bonne santé apparente a duré 9 mois. Les chercheurs ont mesuré la capacité antioxydante totale de leur alimentation. La capacité antioxydante totale considère l'ensemble des antioxydants présents dans le bol alimentaire, qu'ils soient apportés par les aliments ou les compléments alimentaires. Au début de l'étude, la concentration de la CRP était trois fois plus élevée dans le groupe pauvre en antioxydants que dans l'autre groupe : les femmes qui avaient un régime riche en antioxydants avaient les niveaux les plus bas de CRP. Au bout de 9 mois, le niveau de CRP a évolué en sens inverse de la capacité antioxydante de l’alimentation : plus celle-ci a augmenté pendant les neuf mois, plus la CRP a baissé. 

Il existe donc une association inverse entre les antioxydants alimentaires et le marqueur de l’inflammation qu’est la CRP, chez des femmes ménopausées obèses ou en surpoids. Les polyphénols comme les flavonoïdes et les proanthocyanidines contribuaient dans cette étude à la plus grande partie de la capacité antioxydante totale de l'alimentation. Ces molécules diminueraient l’inflammation. Des études récentes de cohorte ont trouvé que plus la capacité antioxydante totale de l'alimentation est élevée, plus le risque cardiovasculaire est faible.

Parmi les aliments riches en antioxydants, on trouve les fruits (mûre, noix, fraise, canneberge, myrtille, raisin, orange…), les légumes, le chocolat, le café…

Pour en savoir plus sur le potentiel antioxydant des aliments : Le guide des aliments antioxydants, avec LaNutrition.fr (lire un extrait ICI >>)

Augmenter la consommation de fibres

Dans une étude portant sur 3 920 personnes, les personnes qui consommaient le plus de fibres alimentaires présentaient un risque de taux élevés de protéine C-réactive inférieur de 41% à ceux qui consommaient le moins de fibres. Les chercheurs qui ont mené cette étude ont conclu : "Nos résultats indiquent que l'apport en fibres est indépendamment associé à la concentration sérique de CRP ce qui renforce la recommandation de suivre un régime alimentaire à haute teneur en fibres."

Pratiquer une activité physique

Pour réduire l'inflammation dans le corps, l'activité physique est efficace. En effet, lors d'une l'activité physique, les cellules musculaires libèrent des interleukines capables de lutter contre l'inflammation. En prolongeant la durée de l'activité physique, vous augmentez la libération de ces molécules anti-inflammatoires. L'analyse récente de plusieurs études montre que l'exercice fait baisser la CRP, quels que soient l'âge et le sexe.

De plus, l'activité physique permet de lutter contre le surpoids et l'obésité qui favorisent l'inflammation et augmentent le taux de CRP : les cellules graisseuses fabriquent en effet des molécules pro-inflammatoires. Perdre quelques kilos peut aider à diminuer l'inflammation. L'étude citée plus haut trouve en effet que plus on maigrit grâce à l'exercice, plus la CRP diminue.

Prendre des suppléments

Vitamine C. Selon une étude, la prise de 1 000 mg par jour de vitamine C peut abaisser la protéine C-réactive. Dans cette étude de l'Université de Californie (Berkeley), les participants qui ont reçu de la vitamine C et qui avaient au début des niveaux de CRP supérieurs à 2 mg/L ont connu une baisse de 34 % par rapport au groupe placebo après seulement deux mois. Il existe des contre-indications aux doses élevées de vitamine C (calculs rénaux à base d'oxalate notamment) ; consultez un professionnel de santé.

Curcumine. Dans un essai contrôlé randomisé les personnes souffrant de syndrome métabolique qui prenaient de la curcumine ont présenté des niveaux significativement plus bas de CRP que celles qui ont reçu un placebo. Ce composé est un principe actif de la plante Curcuma longa.

GingembreUne étude a révélé que les femmes atteintes d'un cancer du sein qui prenaient des suppléments de gingembre présentaient des taux plus bas de CRP et d'interleukine-6 ​​(un médiateur de l'inflammation) par rapport à un groupe placebo, en particulier lorsque la supplémentation en gingembre était associée à de l'exercice. 

En pratique : privilégier une alimentation anti-inflammatoire

L'alimentation constitue un traitement naturel pour lutter contre l'inflammation de l'organisme. Il suffit pour cela de choisir les bons aliments et d'éviter de consommer ceux qui ont tendance à déclencher une réaction inflammatoire. On l'a vu, une alimentation riche en antioxydants est bénéfique : on peut mettre l'accent sur les fruits et les légumes, mais également sur les épices (curcuma, gingembre…) et les herbes aromatiques (persil, herbes de Provence…) qui sont une très bonne source d'antioxydants variés. Par ailleurs, les fruits et légumes sont riches en fibres, qui ont elles-mêmes un effet bénéfique sur le taux de CRP.

Côté graisses alimentaires, les oméga-3 (graines de lin, poissons gras, huile de colza…) sont précieux, tandis qu'il faudra éviter les excès d'oméga-6 (huile de tournesol, produits industriels…) pour rééquilibrer le ratio omega-6/omega-3.

Pour limiter les pics de glycémie et réduire l'inflammation, il faudrait choisir des glucides à index glycémique bas (pains complets, céréales complètes…), limiter les produits sucrés, les aliments ultra-transformés et penser à consommer des légumineuses.

Pour vos collations, pensez aux oléagineux qui présentent l'avantage d'être riches en fibres, en bonnes graisses et en nutriments.

Pour tout savoir sur les aliments qui combattent l'inflammation, lisez notre article (abonnés)

Références
  1. Wang Y, Yang M, Lee SG, Davis CG, Koo SI, Fernandez ML, Volek JS, Chun OK. Diets high in total antioxidant capacity improve risk biomarkers of cardiovascular disease: a 9-month observational study among overweight/obese postmenopausal women. Eur J Nutr. 2013 Dec 17.
  2. Jiao J, Xu JY, Zhang W, Han S, Qin LQ. : Effect of dietary fiber on circulating C-reactive protein in overweight and obese adults: a meta-analysis of randomized controlled trials. Int J Food Sci Nutr. 2015 Feb;66(1):114-9. doi: 10.3109/09637486.2014.959898. Epub 2015 Jan 12.

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