Dans une maladie auto-immune, le système immunitaire censé protéger l’organisme se retourne contre lui. De plus en plus d’études soulignent le rôle de l’intestin, du microbiote et donc de l’alimentation dans ce mécanisme d’inflammation anormal. Explications.
En immigrant aux États-Unis, des populations asiatiques ont vu la biodiversité de leur flore intestinale chuter et leur poids s'accroître au fil des générations.
Pourquoi c’est important
Plus le microbiote contient de souches de bactéries différentes, vivant en bonne intelligence dans l'intestin, et plus notre santé serait bonne. Des études ont mis en évidence que l’environnement et l’alimentation étaient les deux déterminants principaux de la biodiversité du microbiote humain. Des conclusions confirmées par des travaux récents de chercheurs de l'université du Minnesota qui ont découvert une association entre immigration, perte de biodiversité intestinale et obésité.
Une corrélation qui permettrait une nouvelle avancée dans le combat contre la pandémie d'obésité, si elle conduit à la mise en évidence d'une relation cause-effet. Rappelons que l'obésité est un fléau qui touche quasiment la moitié de la population américaine et qui progresse toujours en Europe.
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L’étude
Les chercheurs à l’origine de cette étude transversale et longitudinale ont analysé les microbiotes de groupes de populations Mong (un groupe ethnique du sud de la Chine rurale) et Karen (un groupe ethnique vivant en Thaïlande) ayant immigré aux États-Unis.
Afin de mesurer l’impact à court et long terme de l’immigration sur le microbiote, les scientifiques ont prélevé des échantillons de selles chez plusieurs "types" de migrants :
- Personnes sur le départ
- Nouveaux arrivants
- Ceux installés depuis plusieurs années
- Enfants nés sur le sol américain de parents immigrés
Pour pouvoir mettre en relief leurs résultats, ils les ont comparés avec des échantillons d’Américains d'origine européenne. Les personnes sur le départ, notamment les Thaïlandais, présentaient un microbiote plus riche et varié que les Américains d'origine européenne. En revanche, après leur immigration, leur microbiote s'appauvrissait. Et plus l’immigration était ancienne, plus le déclin de la biodiversité intestinale était important. Mais ce n'est pas tout. Les scientifiques ont également remarqué qu'en parallèle de cette chute de biodiversité, l’obésité gagnait du terrain chez ces mêmes individus au fil du temps et des générations.
Les auteurs expliquent leurs résultats en partie par la diminution des bactéries Prevotella (des micro-organismes présents en majorité chez les végétariens), l’augmentation des Bacteroides (des souches soupçonnées d’extirper toute l’énergie qu’elles peuvent des nutriments et donc de favoriser la prise de poids) ainsi que par le déclin de certaines enzymes digestives chez ces populations. Néanmoins, ils ne sont pas parvenus à démontrer une relation causale entre immigration, chute de la biodiversité intestinale et prise de poids.
Plus surprenant encore, les changements d'alimentation semblent avoir un impact minime sur cette baisse de la biodiversité intestinale. En effet, certains immigrés ont conservé une alimentation traditionnelle sans que cela n'entrave le déclin de cette dernière. En somme, il semblerait que des mécanismes beaucoup plus complexes soient impliqués dans la biodiversité intestinale et puissent jouer un rôle dans le risque de surpoids, d'obésité et de maladies métaboliques.
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En pratique
Si on ne contrôle pas son environnement, on peut tenter de privilégier des aliments ou des modèles alimentaires qui peuvent avoir un effet bénéfique sur notre microbiote intestinal. Par exemple, privilégier une alimentation riche en végétaux, consommer régulièrement des aliments fermentés et des légumes lacto-fermentés, voire faire des cures de probiotiques. Mieux vaut aussi limiter le sel et l'alcool.
D'un point de vue de santé publique, il faudra encore d'autres recherches pour savoir si la greffe de microbiote sera une des solutions efficaces pour endiguer la pandémie d'obésité.
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