Pourquoi un microbiote déséquilibré fait grossir

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Vous prenez du poids alors que vous mangez normalement ? Vous avez du mal à perdre du poids ? Et si le problème venait de votre microbiote intestinal ? Malgré une alimentation saine en apparence, et à cause d'un stress chronique ou d'un traitement médical, le microbiote peut contenir trop de mauvaises bactéries par rapport aux bonnes. Et ce déséquilibre de la flore intestinale favorise les kilos superflus et perturbe le comportement alimentaire.

Sommaire

1
Perte de poids : la composition de la flore intestinale, un paramètre à prendre en compte
2
Peut-on maigrir avec les probiotiques ?
3
Les prébiotiques, un rempart contre les kilos
4
On perd (un peu) de poids en avalant des probiotiques
5
Les bactéries intestinales nous feraient manger ce qui les arrange
6
Pourquoi le même régime ne réussit pas à tout le monde
1 Perte de poids : la composition de la flore intestinale, un paramètre à prendre en compte

Certaines bactéries intestinales entraveraient la perte de poids par leur meilleure capacité à influencer le métabolisme glucidique.

Par Julien Hernandez Publié le 14/08/2018 Mis à jour le 12/06/2020

Pourquoi c’est important

L’obésité est un (si ce n’est le) problème de santé publique majeur de notre époque. Elle continue de progresser malgré les mesures (pas toujours très efficaces) prises pour tenter de l’enrayer. La meilleure compréhension du microbiote a fait émerger des liens entre obésité, composition de la flore intestinale et génétique. Et cela pourrait permettre d’imaginer de nouvelles solutions contre cette maladie.

Lire aussi : On perd (un peu) de poids en avalant des probiotiques

L’étude

Publiée dans le journal Mayo Clinic Proceedings, l’étude a réuni 26 personnes dont 4 en surpoids et 22 obèses pendant une année entière.

Les scientifiques ont collecté les données cliniques, biologiques et démographiques des patients puis ont agi uniquement sur le mode de vie de ces derniers (pendant 3 mois) par le biais d’adaptations :

  • Diététiques (augmentation de la densité nutritionnelle et diminution de la densité calorique des repas, avec pour objectif de diminuer la ration énergétique).
  • Sportives (mesures des pas avec un podomètre dans l’objectif d’atteindre les recommandations officielles, à savoir, plus de 10 000 pas par jour).
  • Psycho-sociales (à l’aide de séances de groupe hebdomadaires sur la gestion du stress, l’auto-surveillance, l’établissement des objectifs, le contrôle des stimuli, le soutien social, la résolution de problème, etc.).

Le but étant que les conditions de l’expérience se rapprochent au mieux de la réalité de la vie quotidienne.

Par la suite, les chercheurs ont réitéré leurs analyses (avec en plus la collecte des selles pour l’analyse fécale) à la fin de l’expérience pour pouvoir comparer les résultats. Les investigateurs ont fixé une perte de poids de 5 % du poids de départ comme critère de réussite.

Les chercheurs ont alors fait plusieurs découvertes surprenantes :

  • Une augmentation importante d’une famille de bactéries particulière dans le groupe « réussite ».
  • L’augmentation importante d’une autre bactérie et la présence de gènes amplifiant l’activité enzymatique glucidique dans le groupe « échec ».

Les auteurs concluent qu’avoir un microbiote intestinal doté d’une bonne capacité à digérer les glucides limite cruellement la perte de poids chez des patients en surpoids.

Lire aussi : Des probiotiques pour garder la ligne après une grossesse

En pratique

Si vous êtes obèse, dirigez-vous vers des structures spécialisées. C’est une maladie réelle qui est pratiquement impossible à guérir sans aide extérieure.

Si vous prenez en charge des personnes obèses, ces résultats peuvent vous amener à adapter l’alimentation et à proposer des régimes pauvres en glucides (ou cétogènes) chez ceux qui ont du mal à perdre du poids, en plus des autres modifications de mode de vie.

Pour aller plus loin : Maigrir de plaisir en charmant ses bactéries

2 Peut-on maigrir avec les probiotiques ?

Pharmacien et pharmacologue, Daniel Sincholle explique ce que l'on peut attendre des probiotiques et des prébiotiques pour maigrir.

Par Priscille Tremblais Publié le 14/01/2015 Mis à jour le 12/06/2020

Les probiotiques sont définis officiellement comme « des micro-organismes vivants qui, lorsqu’ils sont consommés en quantités adéquates, produisent un bénéfice pour la santé de l’hôte ». Les plus courants sont des bactéries lactiques : des lactobacilles (du genre Lactobacillus) et des bifidobactéries (du genre Bifidus). On peut en trouver dans les yaourts, les aliments lacto-fermentés et certains compléments alimentaires. L'intestin et le côlon renferment naturellement des probiotiques, qui participent à ce qu'on appelle la « flore intestinale ». Dans l'intestin, les probiotiques ont besoin de fibres pour se développer. On peut moduler ainsi la croissance de certains probiotiques bénéfiques au détriment d'autres grâce à des fibres spéciales, appartenant le plus souvent de la famille des oligo-fructo-saccharides et qui sont appelées prébiotiques.

LaNutrition.fr : En 2013, Nestlé annonçait que deux souches de probiotiques de leur invention permettaient de mincir. Que pensez-vous de cette étude ?

Daniel Sincholle : Les résultats d'une étude conduite par Nestlé sur des produits de leur marque doivent être examinés avec précaution. Il n'est pas impossible que ce soit efficace mais les probiotiques sont des organismes vivants qui apportent leur propre métabolisme et interagissent avec les autres bactéries présentes dans le côlon et aussi avec l'alimentation de leur hôte. Comme ce sont des organismes vivants au sein d'un autre organisme vivant, les choses sont très compliquées à comprendre et à expliquer.

Pourquoi penser qu’en prenant des probiotiques on pourrait mincir ?

Tout a commencé au milieu des années 2000, quand vers 2004-2005, des chercheurs américains se sont rendu compte que la flore bactérienne d'une souris obèse était différente de celle d'une souris de corpulence normale. Chez la souris, les travaux scientifiques qui ont suivi concernant la modification de la flore intestinale par des souches de probiotiques pour faire maigrir ont été très démonstratifs. Chez l'homme par contre, il manque encore des données solides pour pouvoir recommander telle ou telle souche de probiotique. Certains lactobacilles semblent ainsi faire grossir et non maigrir. C'est pourquoi à titre personnel, je conseille plutôt de prendre des prébiotiques que des probiotiques.

Les prébiotiques seraient-ils donc plus efficaces que les probiotiques ?

Les prébiotiques, en particuliers les oligo-fructo-saccharides (OFS) comme l'inuline, permettent de créer dans le côlon des conditions favorables à la croissance des bons probiotiques. C'est par les prébiotiques que ça commence donc. De plus les recherches fondamentales sur la flore ont montré que la modification de la flore intestinale des souris obèses s'accompagnait d'un état inflammatoire général. Or, les prébiotiques comme les OFS facilitent la réduction de l'inflammation (notamment en diminuant les cytokines inflammatoires), améliorent la flore de l'intestin et l'état des jonctions serrées de l'intestin. En aidant à resserrer ces jonctions, les prébiotiques empêchent des débris alimentaires de passer directement de l'intestin dans la circulation sanguine, passage entraînant une inflammation et parfois des réactions auto-immunes. Les prébiotiques permettent aussi la croissance de bifidobactéries, des probiotiques intéressants pour la santé et le poids.

La perte de poids est-elle importante avec les prébiotiques ?

La conséquence directe de la prise de prébiotiques, via les mécanismes que je viens de citer, est une perte de poids. Certes pas spectaculaire mais significative dans le temps.

Quel prébiotique conseillez-vous ? A quelle dose ?

L'inuline est le mieux connu et celui qui a fait l'objet du plus de recherches. Les doses habituellement utilisées se situent entre 5 et 20 g par jour, la dose efficace tournant autour de 8-10 g.
Comme il n'y a aucune intolérance constatée et pas de toxicité, l'inuline peut être prise en continu mais concernant les compléments alimentaires, je conseille toujours de privilégier des cures de 3 mois entrecoupées de pauses de 1 à 3 mois. A chacun de voir ce qui fonctionne pour lui.

Dans quels aliments peut-on trouver des prébiotiques sinon ?

L'inuline des compléments alimentaires est extraite de la racine de la chicorée. De manière générales les légumes racines contiennent des oligo-fructo-saccharides. C'est le cas de l'artichaut, des topinambours, de l'asperge, des oignons, etc.

Deux conseils de lecture : Le nouveau guide des probiotiques et Maigrir de plaisir en charmant ses bactéries

3 Les prébiotiques, un rempart contre les kilos

Les personnes qui consomment le plus de prébiotiques sont mieux protégées du surpoids

Par Juliette Pouyat Publié le 26/11/2015 Mis à jour le 12/06/2020

Une nouvelle étude parue dans l’American Journal of Clinical Nutrition rapporte que les personnes qui consomment le plus de prébiotiques, fructanes et galacto-oligosaccharides, ont un risque plus faible d’être en surpoids après 10 ans de suivi que les personnes qui en consomment le moins. Les prébiotiques sont des fibres aux caractéristiques particulières.

Lire : mangez des fibres vous perdrez du poids (et ce n'est pas tout!)

Les prébiotiques sont des constituants des fibres non digestibles qui permettent des changements spécifiques dans la composition et l’activité de la microflore intestinale ce qui confère des avantages sur le bien-être et la santé de l’hôte. Les prébiotiques sont classés en deux groupes suivant leur structure chimique : les fructanes (inuline et fructo-oligosaccharides) et les galacto-oligosaccharides (GOS).

« Ces prébiotiques présents dans différents fruits, légumes et céréales complètes augmentent la croissance intestinale des bactéries bénéfiques pour la santé humaine et peuvent réduire la présence dans l’intestin de bactéries pathogènes » disent les auteurs de l’article. Parmi les effets bénéfiques des prébiotiques, on peut citer une amélioration de la fonction barrière intestinale, la prévention de la diarrhée associée à la prise d’antibiotiques, des modifications favorables du métabolisme des lipides mais aussi des bénéfices sur le contrôle de la glycémie, sur la perte de poids et la satiété.

« L’obésité est une maladie multifactorielle mais la consommation d’aliments et de nutriments spécifiques peut jouer un rôle important » écrivent les auteurs. « De plus en plus d’études suggèrent que les fibres alimentaires ayant des propriétés prébiotiques ont un rôle dans la modulation de l’expression des gènes et dans le métabolisme, notamment en provoquant des modifications de la composition et de l’activité du microbiote intestinal ». Plusieurs études ont en effet montré qu’une altération du microbiote intestinal est associée notamment à l’obésité et aux troubles métaboliques.

Lire : comment les fibres préviennent diabète et obésité

Le rôle bénéfique des prébiotiques sur l’obésité a été essentiellement rapporté dans des études sur les animaux mais quelques essais cliniques viennent appuyer cette hypothèse. « Cependant, à notre connaissance aucun étude épidémiologique n’a évalué le rôle des prébiotiques sur l’incidence du surpoids dans une large population ».

Les chercheurs ont donc étudié la relation entre la consommation de prébiotiques (fructanes et GOS) et l’incidence sur le surpoids dans une population de 8569 personnes ayant un indice de masse corporelle inférieur à 25 au début de l’étude. La consommation de prébiotiques a été évaluée par des questionnaires alimentaires.

Au cours du suivi qui a duré 9 ans, 1964 cas de surpoids (IMC supérieur à 25) ont été enregistrés parmi les participants. Les résultats montrent que les personnes qui consomment le plus de fructanes ont 15% de risque en moins d’être en surpoids que les personnes qui en consomment le moins. Et les personnes qui consomment le plus de GOS ont 17% de risque en moins d’être en surpoids que celles qui en consomment le moins.

Des apports élevés en fibres représentent un facteur protecteur vis-à-vis de la prise de poids. « Cependant, nos résultats suggèrent que les prébiotiques apportent un bénéfice supplémentaire ».

Lire : peut-on maigrir avec les probiotiques?

« Les prébiotiques –fructanes et GOS- sont utilisés comme substrats énergétiques par un certain nombre de bactéries, notamment les bifidobactéries, ce qui peut conduire à une augmentation de la production d’acides gras à chaine courte (acides propionique et butyrique) qui diminueraient l’inflammation, phénomène impliqué dans l’obésité ». Les acides gras à chaîne courte pourraient en effet supprimer les cytokines pro-inflammatoires qui jouent un rôle important dans l’inflammation associée à l’obésité.

A lire aussi : Maigrir de plaisir en charmant ses bactéries

Source

Perez-Cornago A, Martinez-Gonzalez MA, Ruiz-Canela M, Jaurrieta I, Carlos S, Sayon-Orea C, Bes-Rastrollo M. Prebiotic consumption and the incidence of overweight in a Mediterranean cohort: the Seguimiento Universidad de Navarra Project. Am J Clin Nutr. 2015 Nov 11. pii: ajcn121202. 

4 On perd (un peu) de poids en avalant des probiotiques

Les probiotiques, sous forme de yaourt ou de compléments nutritionnels, pourraient à court terme aider des personnes en surpoids ou obèses à maigrir, mais le poids perdu reste faible.

Par Juliette Pouyat Publié le 15/11/2017 Mis à jour le 12/06/2020

Pourquoi c'est important

L'intestin abrite des milliards de bactéries qui fermentent les glucides non digestibles ; les sous-produits de cette fermentation pourraient augmenter la satiété, diminuer l'appétit. Ils pourraient aussi favoriser la dépense énergétique en modulant le métabolisme des acides biliaires. Modifier le microbiote intestinal – en prenant des probiotiques par exemple pourrait donc aider à prévenir ou combattre le surpoids et l’obésité.

Lire : Peut-on maigrir avec les probiotiques ?

L'étude et ses conclusions

Pour en avoir le coeur net, ils ont conduit une revue systématique et méta-analyse d'essais cliniques qui est parue dans la revue Obesity Reviews. Ils ont retenu 15 essais contrôlés randomisés, regroupant 957 participants en surpoids ou obèses. Les probiotiques utilisés étaient selon le cas des yaourts (5 essais), du lait fermenté (2 essais), du fromage (1 essai), du lait de soja fermenté (1 essai) et des bactéries vivantes (6 essais). 

Les résultats montrent que les personnes qui ont pris une supplémentation en probiotiques sur une période courte (3 à 12 semaines) présentent une diminution du poids corporel, de l’indice de masse corporelle et du pourcentage de graisses significativement plus importante que celles qui n’en ont pas pris pas. Mais les différences observées entre le groupe « probiotiques » et le groupe de contrôle sont plutôt modestes :

  • - 0,6 kilo pour le poids corporel
  • - 0,27 pour l'indice de masse corporelle
  • - 0,60% pour le pourcentage de graisses

En pratique

Il ne faut pas attendre de miracles de la prise de probiotiques, mais il semble demeurer un petit bénéfice, au moins à court terme. Dans la plupart des essais, les souches utilisées étaient des Lactobacillus, avec aussi des souches des familles Spectrococcus et Bifidobacterium. Les suppléments faisaient appel à des capsules avec 1 à 60 milliards de bactéries par prise. Pour les yaourts, les quantités allaient de 200 g à 450 mL par jour.

En dehors d’une supplémentation en probiotiques, il est également possible, en suivant quelques règles diététiques, de restaurer son microbiote intestinal. Lisez notre article (réservé Abonnés) : Comment restaurer son microbiote.

5 Les bactéries intestinales nous feraient manger ce qui les arrange

La flore intestinale influencerait nos humeurs et nos choix alimentaires, pas forcément en bien... Une conséquence de l'évolution.

Par Sarah Amiri Publié le 19/08/2014 Mis à jour le 12/06/2020

Pourquoi c'est important

La flore intestinale est un écosystème microbien qui compte 10 fois plus de cellules que le corps humain entier. Elle joue des rôles majeurs dans la digestion et l’immunité. De plus en plus de travaux suggèrent aussi un lien entre la flore intestinale et l’humeur. Le déséquilibre de cet écosystème microbien est mis en cause désormais dans de nombreuses maladies, et notamment l'obésité.  En effet, d’après une revue de littérature parue dans BioEssays, les bactéries du microbiote influenceraient nos envies alimentaires et nos humeurs, quitte à nous rendre obèses… Une étude confirmée par la suite chez les animaux.

Les études

Des chercheurs de plusieurs universités américaines ont mené une revue de littérature sur l’influence de la flore intestinale dans le comportement alimentaire. Les micro-organismes du tube gastro-intestinal subissent une pression de sélection importante, d’où l’intérêt pour eux de pouvoir manipuler le comportement alimentaire de leur hôte en leur faveur. Ils pourraient utiliser deux stratégies pour atteindre cet objectif : susciter des envies irrésistibles pour des aliments qui favorisent leur croissance ou qui suppriment leurs concurrents, ou bien provoquer des sentiments déplaisants jusqu’à ce que l’hôte mange les aliments qui leur conviennent.

D’après les auteurs, les micro-organismes intestinaux pourraient tout à fait nous pousser à manger les aliments qui les arrangent, même si cela peut avoir un effet négatif sur la santé de l’hôte. Pour cela, ils libéreraient des molécules de signalisation dans le tube digestif. Comme l’intestin est relié aux systèmes immunitaire, endocrinien et nerveux, ces signaux influenceraient nos réponses physiologiques et nos comportements.

Pour Athena Aktipis, un des auteurs, cela se ferait par l’intermédiaire du nerf vague qui permet la communication entre l’intestin et le cerveau : « Les micro-organismes ont la capacité de manipuler le comportement et l’humeur en altérant les signaux neuronaux dans le nerf vague, en changeant les récepteurs du goût, en produisant des toxines qui nous font nous sentir mal, et en libérant des récompenses chimiques pour nous faire sentir bien. »

Une autre étude, publiée en 2018 par des chercheuses de l'université d'Athènes confirme le rôle du microbiote dans la régulation de la communication entre l'intestin et le cerveau et du comportement alimentaire. Les scientifiques ont constaté que les lipopolysaccharides (LPS) produits en excès par un microbiote intestinal déséquilibré (en dysbiose), entraîne une hyperperméabilité intestinale et le passage des LPS dans le sang. Or, chez les rongeurs, une augmentation des LPS dans le sang induit une hyperphagie (une consommation excessive d'aliments). Là encore les scientifiques notent un lien entre déséquilibre du microbiote et mauvais signal de satiété envoyé par le nerf vague (dont les voies sont endommagées par l'excès de LPS). 

Voir : 7 faits étonnants sur le nerf vague

Envie de fraises ? Le microbiote pourait être responsable.
De nouvelles recherches sur des souris montrent que les microbes présents dans les intestins ont une influence sur les choix alimentaires, créant des substances qui provoquent l’envie de consommer certains aliments. « Nous avons tous ces envies : manger une salade, de la viande, des fraises…, dit Kevin Kohl, principal auteur de l’étude. Notre travail montre que les animaux ayant des flores intestinales différentes choisissent divers types d’aliments. » Pour explorer la question, Kohl et son équipe ont donné à 30 souris dépourvues de microbes intestinaux un cocktail de micro-organismes provenant de trois espèces de rongeurs sauvages ayant des régimes naturels très différents. Ils ont découvert que la composition du microbiote conduisait à des choix différents. L’intestin et le cerveau conversent en permanence, certains types de molécules jouant le rôle d'intermédiaires. Ces sous-produits de la digestion signalent que vous avez mangé suffisamment de nourriture ou que vous avez besoin de certains types de nutriments. Mais les bactéries intestinales peuvent produire certaines de ces mêmes molécules, détournant potentiellement cette ligne de communication et modifiant le sens du message dans leur intérêt. Un de ces messagers est le tryptophane, un acide aminé essentiel qui est produit par les microbes intestinaux. Lorsqu'il est capté par le cerveau, il est transformé en sérotonine, qui envoie un signal de rassasiement, puis en mélatonine, qui rend somnolent. C’est un exemple de la manière dont les bactéries peuvent intervenir dans nos choix alimentaires.

En pratique

SI les bactéries intestinales nous poussent à manger mal ou trop lorsque leur écosystème n'est pas équilibré, il est possible de résister à leur action, tout simplement en changeant délibérément notre alimentation, car un changement alimentaire peut affecter rapidement la composition du microbiote. Et rééquilibrer le microbiote avec un programme nutritionnel spécifique permet au passage de perdre les kilos superflus sans stress, sans frustration, et durablement. C'est ce que propose le Dr Cotinat dans Maigrir de plaisir en charmant ses bactéries, avec un plan en trois étapes qui a déjà permis à des centaines de patients de perdre du poids pour de bon.

Lire aussi : Comment restaurer son microbiote (abonnés) et Activez votre nerf vague

6 Pourquoi le même régime ne réussit pas à tout le monde

En réponse à un aliment, le sucre sanguin varie d'une personne à l'autre, notamment parce que notre flore intestinale est différente.

Par Collectif LaNutrition.fr Publié le 26/11/2015 Mis à jour le 12/06/2020

Certaines personnes, pourtant de bonne volonté, échouent dans leurs régimes. Une nouvelle étude de l’institut Weizmann de Science en Israel, parue dans Cell, apporte une explication : en analysant la glycémie de 800 personnes sur une semaine, les chercheurs se sont aperçus que le même repas n’est pas métabolisé de la même façon d’une personne à une autre. Les chercheurs ont donc développé un algorithme pour aider les gens à identifier les aliments qui leur permettent d’atteindre leurs objectifs santé.

Une glycémie élevée est associée à des problèmes de santé comme le diabète et l’obésité. Pour réduire les risques pour la santé, il est donc généralement conseillé de consommer des aliments à index glycémique bas, c’est-à-dire qui limitent l' élévation du glucose sanguin.

Lire : Diabète, obésité : 21 chercheurs confirment les bienfaits d'un régime à index glycémique bas

Dans cet article, les chercheurs ont voulu prédire l’élévation de la glycémie grâce à une application qui intègre différentes informations : paramètres sanguins, habitudes alimentaires, valeurs anthropométriques, activité physique, flore intestinale. Les chercheurs ont suivi les niveaux de glucose dans le sang sur une semaine chez 800 personnes en bonne santé mais pré-diabétiques. Un total de 46.898 repas a été mesuré. Les volontaires ont aussi reçu des repas standard pour leur petit déjeuner et devaient entrer tous leurs repas dans l’application mobile. Les scientifiques ont analysé les réponses des participants aux aliments.

Les données ont révélé que les aprticipants avaient des réponses très différentes au même aliment : il y avait une grande variabilité dans les niveaux de glucose sanguin après un repas. Par exemple, une femme obèse avec un prédiabète, qui avait essayé différents régimes en vain, a compris que ce qu’elle considérait comme des aliments « sains » ne l’étaient pas forcément pour elle : ses niveaux de glucose sanguin s’élevaient après avoir mangé des tomates, ce qu’elle faisait très souvent... Cette personne ne devrait donc pas consommer de tomates !

Lire : Les atouts santé de la tomate 

Pour comprendre pourquoi de telles différences existent entre les individus, les chercheurs ont analysé le microbiome dans les échantillons de selles des participants, car la flore intestinale est liée à l’obésité et au diabète. Or il apparaît que des micro-organismes particuliers sont liés au niveau d’élévation du sucre dans le sang après un repas.

Lire l'interview de marion Kaplan : "Pour sauver votre santé, sauvez votre microbiote" 

En utilisant les caractéristiques des individus et de leur flore intestinale, il était alors possible de prédire leur réponse glycémique. Les chercheurs ont donc développé une nutrition personnalisée grâce à la prédiction de cette réponse aux aliments. Avec des interventions nutritionnelles personnalisées chez 26 autres participants, les chercheurs ont ainsi réussi à réduire les niveaux de sucre sanguin après le repas et à modifier la flore intestinale.

Ces résultats suggèrent donc que, si des régimes échouent chez certains personnes, ce n’est pas forcément parce qu’ils ne respectent pas les consignes, mais peut-être que les conseils donnés ne sont pas bons pour eux… Une approche personnalisée permettrait ainsi à chacun de choisir les aliments les moins glycémiants.

Lire aussi : Pour la glycémie, mieux vaut manger la salade en premier

Source

Zeevi D, Korem T, Zmora N, Israeli D, Rothschild D, Weinberger A, Ben-Yacov O, Lador D, Avnit-Sagi T, Lotan-Pompan M, Suez J, Mahdi JA, Matot E, Malka G, Kosower N, Rein M, Zilberman-Schapira G, Dohnalová L, Pevsner-Fischer M, Bikovsky R, Halpern Z, Elinav E, Segal E. Personalized Nutrition by Prediction of Glycemic Responses. Cell. 2015 Nov 19;163(5):1079-94. doi: 10.1016/j.cell.2015.11.001.

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