Faut-il commencer à servir du café aux patients Alzheimer ?

Et si en plus de booster les capacités cognitives, le café pouvait prévenir la maladie d’Alzheimer ? D’après des chercheurs de l’Inserm de Lille qui publient leurs résultats dans Neurobiology of Aging, la caféine aurait des effets bénéfiques chez des souris qui développent un modèle de maladie d’Alzheimer.

La maladie d’Alzheimer est la maladie neurodégénérative la plus fréquente en France. Avec ses maladies apparentées, elle toucherait près de 800 000 personnes. Le vieillissement de la population n’en est pas la seule cause, et des facteurs environnementaux sont soupçonnés.

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Dans cet article, les chercheurs ont étudié les effets de la caféine dans un modèle de souris Alzheimer. Les souris transgéniques utilisées développaient une maladie d’Alzheimer en lien avec les protéines Tau (souris THY-Tau22). Au niveau cérébral, la maladie d’Alzheimer se caractérise par la formation de plaques bêta-amyloïdes et l’accumulation de protéines Tau anormales dans les neurones dégénérescents.

Les protéines Tau sont normalement indispensables à la cellule : elles lui permettent de fabriquer les structures qui transportent les messagers chimiques (neurotransmetteurs) vers les terminaisons nerveuses. Au cours de la maladie d'Alzheimer, une anomalie affecte la synthèse de ces protéines ; elles n'assurent plus la fonction de transporteurs des messagers chimiques et s’accumulent sous la forme de filaments, ce qui finit par provoquer la mort des neurones. 

Pendant 10 mois, les chercheurs ont donné régulièrement de la caféine à ces souris, à un stade précoce de la maladie, grâce à une eau de boisson contenant 0,3 g/L de caféine. En effet, des études épidémiologiques indiquent que les apports en caféine préviennent le déclin cognitif au cours du vieillissement et réduit le risque de maladie d’Alzheimer. A titre de comparaison, une tasse de café contient environ 100 mg de caféine.

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Résultats : la caféine a prévenu le développement des déficits de la mémoire spatiale. L’amélioration de la mémoire était associée à une réduction de la phosphorylation de la protéine Tau dans l’hippocampe. Dans la maladie d’Alzheimer, la protéine Tau est hyperphosphorylée.

Pour David Blum, chargé de recherche à l’Inserm, " Les souris traitées par la caféine ont développé une pathologie moins importante du point de vue de la mémoire, des modifications de la protéine Tau mais également de la neuro-inflammation." Chez la souris, il est donc possible de prévenir les problèmes de mémoire grâce à la consommation de caféine, et ce en limitant la phosphorylation de la protéine Tau. Le traitement à la caféine influençait aussi des marqueurs de l’inflammation et du stress oxydatif.

Ces données confirment donc que des apports en caféine modérés sont bénéfiques dans cette pathologie, ce qui permet d’envisager des essais cliniques à l'avenir : "Ces travaux vont dans le sens d’une contribution importante des facteurs environnementaux dans le développement de la maladie d’Alzheimer. Au vu de ces résultats, nous souhaitons maintenant d’une part identifier la cible moléculaire responsable des effets bénéfiques de la caféine et, d’autre part, mettre sur pied un essai clinique à base de caféine chez des patients atteints de la maladie d’Alzheimer. "

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Source

Cyril Laurent, Sabiha Eddarkaoui, Maxime Derisbourg, Antoine Leboucher, Dominique Demeyer, Sébastien Carrier, Marion Schneider, Malika Hamdane, Christa E. Müller, Luc Buée, David Blum. Beneficial effects of caffeine in a transgenic model of Alzheimer’s Disease-like Tau pathology. Neurobiology of aging. 31 March 2014. DOI: 10.1016/j.neurobiolaging.2014.03.027