Comment la télé flingue le soja

Par Collectif LaNutrition.fr - Journalistes scientifiques et diététiciennes Publié le 13/05/2011 Mis à jour le 10/03/2017

Voici le point de vue d'un spécialiste du soja sur ce que n’a pas dit l’émission de M6 consacrée le 1er mai 2011 à ce sujetUne prise de position qui lance le débat sur le traitement univoque par certains médias grand public de sujets liés à l'alimentation et à la santé

Hervé Berbille est l’un des meilleurs spécialistes français du soja. Invité à participer au reportage que le magazine M6 consacrait le 1er mai au soja, il a finalement refusé de s’exprimer lorsqu’il a constaté que le dossier était instruit à charge. Auteur d’un livre-révélations à paraître sur le sujet, il dénonce dans le point de vue qui suit le traitement sensationnaliste que les médias grand public réservent au soja depuis une décennie, selon lui sans argument scientifique valable.

« Pourquoi je n'ai pas participé à l'émission de M6

Le journaliste de M6 souhaitait uniquement me filmer en train de pousser un caddy de supermarché débordant « d'aliments contenant du soja » ; « l'invasion », encore et toujours. En revanche, pas question que je m'exprime, à propos du rapport Afssa/Afssaps par exemple. Dans ces conditions, j'ai préféré ne pas me prêter à ces pitreries. Comment expliquer que beaucoup de médias généralistes et de journalistes privilégient les effets d'annonce caricaturaux plutôt que de rendre compte de la réalité des données scientifiques ? La recherche d'audience ? La pression des annonceurs ? Quoiqu'il en soit, ils préfèrent souvent l'exotisme racoleur d'une soi-disant « fillette australienne » prétendument devenue prématurément pubère parce qu’elle aurait consommé du soja (voir plus loin), à l'austère contenu des publications scientifiques . Malheureusement pour le soja, recherche du sensationnalisme et recherche scientifique font rarement bon ménage.

Economie du soja : ne pas confondre celui qui est destiné aux animaux et celui destiné à l’alimentation humaine

Le journaliste de M6 voulait me faire dire à toute force « qu'il y a du soja partout », ce qui restera invariablement son angle d'attaque au fil de nos entretiens et quasiment pendant tout son reportage. Je lui réponds qu'effectivement, « il y a du soja partout », mais pas là où il croit. Je m'explique : 90% des protéines de soja produit dans le monde sont destinées à l'alimentation du bétail, une véritable rente pour les industriels du soja étasuniens et brésiliens qui dominent ce marché. Ce soja « alimentation animale », la plupart du temps transgénique (OGM) se retrouve donc indirectement dans les produits laitiers, les œufs et la viande que les Français consomment chaque jour, tout en contribuant à dévaster la forêt amazonienne, une information capitale – si je puis dire –, mais qui ne sera pas pour autant portée à la connaissance des spectateurs de M6.

Inversement, les aliments à base de soja destinés à l'alimentation humaine, notamment ceux consommés en France, sont produits à partir de soja cultivé localement, souvent selon les méthodes de l'Agricultrice biologique, donc sans recourir aux OGM, interdits en Bio. Il faut savoir également que les protéines de soja destinées à l'alimentation humaine ne représentent que 3% de la production mondiales, ce qui donne au passage un aperçu du rapport de force entre ces deux filières du soja (alimentation animale vs alimentation humaine), aux intérêts antagonistes. Cette distinction est le point clé de la problématique du soja, mais il ne sera jamais porté à la connaissance des spectateurs M6, de même que ce rapport de force disproportionné entre les transformateurs de soja « alimentation humaine » et l'industrie laitière.

Le reportage de M6 cite le cas de cette PME bretonne qui vend « 3 millions de pots de yaourts par semaine », suggérant finement que les fabricants de yaourts au soja « s'enrichissent » indument. Ce chiffre peut paraitre considérable, mais en réalité, c'est à proprement parler dérisoire, puisqu'en France, il se vend 1000 fois moins d'aliments à base de soja que de produits laitiers. De même, M6 ne rappelle pas que l'industrie laitière est massivement subventionnée via les aides publiques  accordées au secteur de l'élevage. Cependant, compte-tenu des pratiques d'achat du lait de ces multinationales laitières, ces subventions permettent tout juste d'assurer la survie des éleveurs. In fine, les contribuables subventionnent donc indirectement ces géants de l'agroalimentaire. Inversement, les transformateurs français de soja achètent cette matière première à des coopératives bio locales (CORAB, Agrobio Périgord, etc.) dans le cadre de partenariat répondant à un cahier des charges « commerce équitable », d'où cette question que l'on brûle de poser aux plumitifs de M6 : si les fabricants de yaourts au soja « s'enrichissent », alors quid de l'industrie laitière ?

Au lieu de cela, le reportage de M6 s'égare dans des querelles dérisoires, en reprochant par exemple aux yaourts au soja d'être vendus plus chers au kg que les yaourts à base de lait de vache, alors que le prix unitaire est équivalent. Dont acte, mais conformément à la loi, le prix au kg est toujours précisé : peut-être pas de quoi à justifier le déplacement d'une équipe de reportage au grand complet, le consommateur lambda étant en général capable de comparer deux prix.

En revanche, le reportage de M6 ne précise pas par exemple qu'un yaourt au soja protège du cancer de la prostate, là où le « même » yaourt à base de lait de vache le favorise. Même en payant son yaourt au soja un peu plus cher, pas sûr qu'au final le consommateur fasse la mauvaise affaire que le reportage de M6 suggère.

Références

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Qin LQ, Xu JY, Wang PY, Kaneko T, Hoshi K, Sato A. Milk consumption is a risk factor for prostate cancer: meta-analysis of case-control studies. Nutr Cancer. 2004;48(1):22-7.

Namiki M, Akaza H, Lee SE, Song JM, Umbas R, Zhou L, Lee BC, Cheng C, Chung MK, Fukagai T, Hinotsu S, Horie S. Prostate Cancer Working Group report. Jpn J Clin Oncol. 2010 Sep;40 Suppl 1:i70-75.

Le soja est accusé de renfermer des « phytoestrogènes », mais les journalistes ne disent pas que le lait renferme des vrais hormones !

M6 indique que les aliments à base de soja contiennent des « phyto-œstrogènes » (isoflavones), décrits pour l'occasion comme une « sorte d'hormone féminine ». En réalité, les isoflavones agissent comme des modulateurs hormonaux, d'où la désignation de « phyto-SERM », qui tend d'ailleurs à s'imposer au sein de la communauté scientifique, au détriment de « phyto-œstrogènes », un terme qui renvoie à une très faible activité œstrogénique, qui ne s'observe de surcroît qu'in vitro. Inversement, dans l'organisme (« in vivo »), les isoflavones réduisent notre l'exposition œstrogénique globale, notamment celle de nos propres œstrogènes (« œstrogènes endogènes »), ce qui atténue notamment les effets indésirables de nos propres œstrogènes, leurs effets prolifératifs en particulier.

Mais jamais M6 n'indique que les produits laitiers contiennent naturellement de véritables œstrogènes, dont de l'œstradiol, et de nombreuses autres hormones (leptine, ocytocine, IGF-1, etc.). La cécité de M6 est d'autant plus étonnante que les produits laitiers allégés (en graisses, mais pas en hormones !), constituent l'essentiel des ventes des aliments « santé », avec Danacol en tête. À ce sujet, une anecdote à mon avis très révélatrice. Les amis de l'industrie laitière contestent les effets hypocholestérolémiants du soja. Or, les produits hypocholestérolémiants type Danacol doivent leurs propriétés à des stérols végétaux, le plus souvent extraits de soja. La position des amis de l'industrie laitière à propos des stérols végétaux pourrait se résumer ainsi : « inefficaces dans le soja, mais prodigieux une fois ajoutés aux produits laitiers ».

Le soja, régulièrement visé par les médias

En 2006, pour clouer le soja au pilori, Que Choisir revenait à la charge contre le soja, visiblement une source d'inspiration sans cesse renouvelée pour ce journal, avec un article barré par ce titre rageur : « Du soja et des dégâts ». Or, à l'issu de son article, il apparaît que la journaliste s'avère incapable de produire le moindre cas documenté attestant de ces « dégâts » (pourtant orthographiés au pluriel dans son titre : Que Choisir se laisserait-il aller à de la publicité mensongère ?). De son coté, un reportage diffusé lors du JT de France 2 en septembre 2010, accusait le soja d'être responsable de l'épidémie de pubertés précoces observée en France. Demandant à la journaliste ayant réalisé le reportage, l'origine de ses sources, celle-ci me répond  « plusieurs scientifiques ». La simple question « Lesquels ? » devra se contenter à nouveau de « plusieurs », sans autres détails. Quant aux références des publications scientifiques, autant vous dire que un an plus tard, je me suis fait une raison.

Le journal Femme Actuelle a également fait très fort en accusant les « phyto-œstrogènes » de favoriser les pubertés précoces, citant pour cela une étude qui conclue que les « phyto-œstrogènes »...retardent l'âge de la puberté.

Références

Wolff MS, Teitelbaum SL, Pinney SM, Windham G, Liao L, Biro F, Kushi LH, Erdmann C, Hiatt RA, Rybak ME, Calafat AM; Breast Cancer and Environment Research Centers. Investigation of relationships between urinary biomarkers of phytoestrogens, phthalates, and phenols and pubertal stages in girls. Environ Health Perspect. 2010 Jul;118(7):1039-46.

Contrairement à ce que disent les médias, il y a moins de produits au soja dans les rayons

Suite à la publication du rapport « phyto-œstrogènes » de l'ex-Afssa (aujourd'hui Anses) en mars 2005, relayé par la campagne de presse orchestrée par Que Choisir, les laits infantiles à base de soja, malgré une innocuité déjà bien établie à l'époque, l'Afssa l'admettait d'ailleurs en filigrane, ont purement et simplement disparus des rayons. Pourtant, le seul effet attribuable à la consommation de lait infantile à base de soja est une protection contre la survenue ultérieure du cancer du sein.

Idem pour les compléments alimentaires à base de soja destinés au traitement de la ménopause, accusés à l'époque par l'Afssa d'augmenter le risque de cancer du sein, alors que les études disponibles à l'époque suggéraient déjà un effet protecteur, maintes fois confirmées depuis, et ce y compris chez les femmes ayant eu des antécédents de cancer du sein, qui voient chuter leur risque de récidive.

Détail révélateur, pendant le reportage, la chercheuse Catherine Bennetau-Pelissero (ENITA, Bordeaux) présente des aliments à base de soja, sans doute comme preuve irréfragable de cette « invasion ». Sauf que la la totalité des laits infantiles et des compléments alimentaires « ménopause » présentés par Mme Bennetau-Pelissero ont définitivement disparu des rayons peu après la publication du rapport de l'Afssa, comme je l'avais d'ailleurs prévu à l'époque. Encore aujourd'hui, le site de Que Choisir vous demande de payer pour accéder à l'évaluation d'aliments à base de soja qui pour la plupart n'existent plus.

Références

Messina M, Hilakivi-Clarke L. Early intake appears to be the key to the proposed protective effects of soy intake against breast cancer. Nutr Cancer. 2009;61(6):792-8.

Sartippour MR, Rao JY, Apple S, Wu D, Henning S, Wang H, Elashoff R, Rubio R, Heber D, Brooks MN. A pilot clinical study of short-term isoflavone supplements in breast cancer patients. Nutr Cancer. 2004;49(1):59-65.

Messina MJ, Loprinzi CL. Soy for breast cancer survivors: a critical review of the literature. J Nutr. 2001 Nov;131(11 Suppl):3095S-108S. Review.

Les propos tenus par Mme Bennetau-Pelissero, présentée comme une experte du soja, sont inexacts ou contestables

Mme Bennetau-Pelissero déclare notamment qu'une « consommation journalière de 3 à 4 aliments à base de soja augmente le risque de fibromes (tumeur utérine) ». Or, il suffit de consulter la littérature scientifique pour se persuader de l'exact contraire : toutes les études conduites à ce sujet, tant chez les femmes occidentales qu'asiatiques, indiquent au contraire que la consommation de « phyto-œstrogènes » et/ou de soja dans le cas le plus défavorable n'a strictement aucune incidence (« No association was found between isoflavone excretion and uterine fibroids »), soit réduit ce risque !

De même, Mme Bennetau-Pelissero n’évoque à aucun moment les effet inhibiteur des isoflavones (« phyto-œstrogènes ») du soja sur la croissance des cellules cancéreuses de l'utérus, et surtout cette « méta-analyse » (synthèse des études scientifiques publiées sur un sujet donné) qui montre que le soja protège contre l'ensemble des cancers gynécologiques. Par acquis de conscience, j'ai néanmoins demandé à Mme Bennetau-Pelissero de bien vouloir me communiquer les références des publications scientifiques sur lesquelles elle fonde cette grave accusation, et sans réelle surprise, je me suis vu opposer une fin de non-recevoir.

Ces propos tenus par Mme Bennetau-Pelissero renvoient d'ailleurs à un précédent : en avril 2000, dans les colonnes de Que Choisir, cette chercheuse accusait les lait infantiles à base de soja de favoriser les pubertés précoces, invoquant pour cela le singulier (dans tous les sens du terme...) cas d'une « fillette australienne ». J'ai demandé à plusieurs reprises les références de cette étude, tant à Mme Bennetau-Pelissero qu'à Que Choisir, qui publia ces propos, mais en vain.

Pour mémoire, toutes les études publiées à ce sujet, montrent que les « phyto-œstrogènes » retardent au contraire l'apparition de la puberté, tout comme les données de l'OMS qui indiquent l'âge que la puberté est très significativement plus précoce en Occident que dans les pays traditionnellement consommateurs de soja. Ceci explique probablement en partie pourquoi les femmes asiatiques sont significativement moins touchées par le cancer du sein, une puberté plus précoce étant décrite comme un facteur de risque pour cette affection.

De même l'expertise revendiquée par Mme Bennetau-Pelissero à propos du soja prête à caution : encore récemment, ne classait-elle pas le miso parmi les aliments à base de soja « pressé » et « non fermenté », au même titre que le tofu par exemple ? Or, la fabrication du miso requiert au passage une double (!) fermentation, mais jamais de pressage... Mme Bennetau-Pelissero était sans doute elle-même un peu pressée, de même que lorsqu'elle affirme, sans citer la moindre publication, que le lait de soja n'est pas consommé en Asie, alors que ce continent représente le premier marché mondial per capita du lait de soja (« Tou chiang » en Chine, « Tonyu » au Japon, « Sua dâu nanh » au Vietnam, « Du-yu » en Corée, etc.), un Asiatique consommant en moyenne environ dix fois plus de lait de soja qu'un Occidental. Les Asiatiques consomment d'ailleurs davantage de lait de soja que de Coca-Cola par exemple, comme le rappelait un expert de la FAO en 1993, et cela ne date pas d'hier. On pouvait ainsi lire en 1881 dans le Bulletin de la Société d'Acclimatation à propos de la Chine « Nous n'avons à mentionner ici que l'immense consommation du lait de Soya »... Pour l'anecdote, le premier aliment à base de soja décrit par un occidental, en 1665, fut précisément le lait de soja.

Mme Bennetau-Pelissero interprète également les publications scientifiques d'une façon pour le moins très personnelle. S'appuyant sur une étude publiée en 2001 par Brian Strom, elle conclut à la dangerosité de laits infantiles à base de soja (PPS), responsable selon elle d'une « perturbation endocrine (endocrinienne...) » qui se traduit par une « acné augmentée ». Sauf que dans l'étude de Brian Strom, il n'est pas une seule fois question d'acné, le mot acné (« acne » en anglais) ne figure nulle part dans cette étude. Cette interprétation de la part de Mme Bennetau-Pelissero lui vaudra d'ailleurs un sérieux recadrage par l'auteur de l'étude : « C. Bennetau-Pelissero n'a pas compris nos résultats ». Et pour cause, Brian Strom et son équipe, sur la base de leurs résultats concluaient quant à eux à la parfaite innocuité des PPS, et notamment à une absence totale d'effets hormonaux.

Je déplore que les contradicteurs de cette chercheuse - par ailleurs liée à l'industrie laitière, n'aient jamais droit au chapitre dans les médias, alors qu'au sein de la communauté scientifique, ses prises de position sont de plus en plus fragilisées par les études publiées. Personnellement, j'aurais par exemple beaucoup aimé porter à la connaissance des téléspectateurs de M6 et aux lecteurs de Que Choisir cette récente étude qui montre que le soja figure parmi les principes actifs les plus efficaces pour combattre l'acné.»

Références

Atkinson C, Lampe JW, Scholes D, Chen C, Wähälä K, Schwartz SM. Lignan and isoflavone excretion in relation to uterine fibroids: a case-control study of young to middle-aged women in the United States. Am J Clin Nutr. 2006 Sep;84(3):587-93.

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Myung SK, Ju W, Choi HJ, Kim SC; Korean Meta-Analysis (KORMA) Study Group. Soy intake and risk of endocrine-related gynaecological cancer: a meta-analysis. BJOG. 2009 Dec;116(13):1697-705. Epub 2009 Sep 19. Review.

Starling, Shane. Asia continues to dominate soy milk consumption. Food Navigator, 20-Apr-2011

Nicolas-Auguste Paillieux, Société d'Acclimatation, 1881 Le Soya : sa composition chimique, ses variétés, sa culture et ses usages. Page 43

Domingo Fernández Navarrete (1610 – 1689), Una colección de viajes y de recorridos

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Tillett T. Soy formula of "minimal concern". Environ Health Perspect. 2010 Aug;118(8):a335.

Fowler JF Jr, Woolery-Lloyd H, Waldorf H, Saini R. Innovations in natural ingredients and their use in skin care. J Drugs Dermatol. 2010 Jun;9(6 Suppl):S72-81; quiz s82-3.

Les points de vue exprimés dans cette rubrique ne reflètent pas nécessairement ceux de la rédaction.

 

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