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Robert Lustig est pédiatre et endocrinologue à l’Université de Californie (San Francisco). Il est l’auteur de « Sucre, l’amère vérité ».
Dr Robert Lustig : Constitué par moitié de glucose et de fructose, le sucre est une substance inutile dont l’organisme n’a pas besoin. Les nutritionnistes le classent systématiquement dans la catégorie des « calories vides ».
Tout d’abord une dérégulation des systèmes hormonaux qui contrôlent la satiété et qui amène à manger davantage...de sucre. Ensuite et dans le désordre, une fragilisation de la barrière intestinale, une augmentation de la pression artérielle, des maladies cardiovasculaires, une intolérance à l’insuline et une augmentation de la glycémie qui conduit au diabète, une libération excessive d’insuline par le pancréas qui mène à une obésité et/ou à de nombreuses tumeurs cancéreuses, une accélération du vieillissement, un risque de démence.
Le sucre est aussi toxique pour le foie que l’alcool. Le problème est que la consommation de fructose, via le sucre ou le sirop de glucose-fructose, a triplé au cours des trente dernières années. Par exemple, pour la moitié de la population américaine, la consommation dépasse le seuil de toxicité. Le fructose, et par extension, le sucre peut détruire votre foie et engendrer les mêmes maladies que l’alcool : il nous rend gros, malades et nous tue à petit feu.
C’est une bonne question, que je me pose aussi. En santé publique, il existe quatre critères permettant de classer une substance comme nocive. Premièrement l’addiction, c'est-à-dire la survenue d’un état de manque quand on en consomme pas. Deuxièmement, la toxicité, c'est dangereux. Troisièmement, l'abus, c'est que l'augmentation de la consommation est inhérente à la molécule elle-même, que la molécule entraîne une surconsommation et l’impossibilité de s’arrêter tout seul. Enfin, le quatrième point est externe : votre consommation a des effets sur les autres. L'alcool, le tabac, la morphine et l'héroïne répondent clairement à ces quatre critères. Est-ce la même chose pour le sucre ? La réponse est « oui, absolument ».
Voir aussi : Peut-on être accro au sucre ?
Sur la base de ses propriétés métaboliques et hédoniques, je pense que le sucre est addictif, même si cela reste un point débattu par la communauté scientifique. Mais son potentiel addictif est relativement faible, semblable à celui de la nicotine, donc très différent de celui des drogues dures. Concernant sa toxicité, on sait que le sucre fait grossir, que chez les enfants il a des effets semblables à ceux de l’alcool, qu’il augmente le risque de diabète… Concernant les effets sur les autres, il s’agit essentiellement des frais de santé supplémentaires que sa consommation entraîne. Des coûts supportés par toute la communauté.
Lire aussi : Sodas, boissons sucrées : pourquoi ils nuisent gravement à la santé
Instaurer des taxes, des hausses de prix – qui ont contribué à réduire la consommation de cigarettes – et qui sont déjà utilisées pour les boissons sucrées dans certains pays. Les études de modélisation qui ont été faites suggèrent qu'il faut augmenter le prix d'une canette de soda d'environ 20 % pour que la consommation diminue de façon significative. Je suis également en faveur de la limitation de la disponibilité des produits sucrés, par exemple en retirant les distributeurs automatiques des écoles. Et je plaide aussi pour l'interdiction totale des publicités télévisées pour les produits contenant du sucre ajouté.
Pour aller plus loin : Sucre, l'amère vérité
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