Les taxes sur les boissons sucrées sont-elles utiles ?

Par Thierry Souccar - Journaliste et auteur scientifique, directeur de laNutrition.fr Publié le 23/10/2017 Mis à jour le 26/02/2019
Actualité

Une taxe sur les boissons sucrées peut-elle faire reculer leur consommation et améliorer la santé ?

Pourquoi c’est important ?

Les boissons sucrées qui contiennent du sucre ajouté -notamment sous forme de saccharose ou de sirop de glucose-fructose- nuisent très sérieusement à la santé de ceux qui les consomment : elles augmentent en effet le risque de surpoids, diabète, infarctus, vieillissement accéléré, décès prématuré, insuffisance rénale. Il y a urgence à faire comprendre au consommateur qu’il a tout intérêt à les bannir. Mais si l’information est importante elle peut ne pas être suffisante. La taxe sur les boissons sucrées peut-elle aider à faire reculer leur consommation ?

Depuis 2013, la plupart des boissons sucrées, quelle que soit la quantité de sucre qu’elles contenaient étaient taxées à raison de 7,53 € par hectolitre. Dans la nouvelle loi de 2018, les boissons qui contiennent moins de 5 g de sucres ajoutés par litre ne sont plus taxées. A partir de 5g/l, plus il y a de sucre ajouté dans la boisson, plus la taxe est élevée.  Par exemple, auparavant, pour une boisson qui contenait 15 kg/hl de sucre ajouté, la taxe était de 7,53 € par hectolitre, aujourd'hui elle est de 23,5 €

La taxe est-elle efficace ? Ce que disent les études 

Inspirées des taxes sur le tabac, les taxes sur les boissons sucrées entraînent une baisse mécanique de leur consommation. En 2014, une taxe sur les boissons sucrées vendues au Mexique a conduit à une baisse des ventes de ces boissons de 5,5% en 2014 et de 9,7% en 2015.

La taxe sur les boissons sucrées imposée le 1er mars 2015 par la ville de Berkeley en Californie (comme dans d’autres villes ou territoires américains) a entraîné un an plus tard une diminution de 9,5% des ventes de sodas et une augmentation de 15,6% des ventes d’eau en bouteille.

Dans une étude parue en février 2019 dans l’American Journal of Public Health, des chercheurs exposent les résultats 3 ans après la mise en place de la taxe à Berkeley. Pour cela, ils ont réalisé des enquêtes auprès de la population et ont interrogé 1513 personnes dans divers quartiers de Berkeley entre 2014 et 2017 ainsi que 3712 personnes dans les villes voisines d’Oakland et de San Francisco qui n’avaient à l’époque pas encore mis en place de taxe sur les boissons sucrées.

Les chercheurs rapportent une diminution de 52% de la consommation de boissons sucrées parmi les habitants ayant de faibles revenus, qui sont également les plus touchés par les maladies cardiovasculaires et le diabète. La consommation d‘eau a aussi augmenté de 29% pendant ces 3 ans. Les villes voisines d’Oakland et de San Francisco n’ont pas connu la même baisse durant la même période.

Cette étude permet de démontrer que les taxes sur les boissons sucrées peuvent représenter un outil efficace  pour encourager des habitudes de consommation plus saines.

Quels bénéfices pour la santé ?

On ne dispose pas d'assez de recul pour apprécier l'impact des "taxes sodas" sur la santé mais les études montrent que les enfants qui consomment moins de sucre voient leur santé s’améliorer.  Une simulation réalisée au Canada, pays de 36 millions d'habitants, suggère qu’une taxe soda entraînerait des bénéfices importants au cours des 25 années suivantes :

  • 13 000 décès prématurés évités
  • Plus de 600 000 cas d’obésité et presque 100 000 cas de surpoids chez les adultes
  • Jusqu’à 200 000 cas de diabète
  • Plus de 60 000 cas de maladie cardiaque ischémique
  • Plus de 20 000 cas de cancers
  • Plus de 8000 accidents vasculaires cérébraux
  • 11,5 milliards d’économies en dépenses de santé
  • 1,5 milliards annuels de revenus supplémentaires pour l’Etat

Mais des boissons très sucrées échappent à la taxe

En France, la taxe concerne surtout les jus de fruits contenant du sucre ajouté et les sodas. Elle exclut de puis l’origine "les produits qui nécessitent une transformation réalisée par le consommateur avant d’être bus (boissons en poudre comme le café  ou des préparations pour le petit déjeuner, sirops…)". Elle exclut aussi les produits laitiers sucrés à boire, dont une portion apporte pourtant souvent autant de sucre qu'un soda, au prétexte que le lait serait « une composante nécessaire d’une alimentation équilibrée. »

En pratique

La taxe peut aiderà faire diminuer la consommation des boissons sucrées. Mais il faut également continuer à informer, éduquer la population, notamment les jeunes. Les boissons sucrées nuisent gravement à la santé et n'impactent pas que le poids. Faire passer des messages concrets (combien de temps faut-il courir pour éliminer un soda?) peut aider à leur faire prendre conscience des effets négatifs des boissons sucrées sur leur santé. N'oubliez pas de montrer l'exemple et proposez leur que de l'eau à table. 

Pour en savoir plus sur le sucre et les produits sucrés : "Sucre, l'amère vérité", du Dr Robert Lustig.

 

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